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Compte rendu de la sortie au théâtre du 17 octobre autour de Candide de Voltaire

Par MAGALI BON, publié le lundi 6 novembre 2023 13:05 - Mis à jour le mercredi 8 novembre 2023 11:51
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Mardi 17 octobre après-midi, 8 classes du lycée polyvalent St Exupéry, soit 180 élèves, et leurs 17 accompagnateurs, ont assisté à la représentation de "La faute à qui Voltaire", de la Cie des Gens d'Ici, au théâtre de Valserhône. Voici un bilan.

Cette pièce de théâtre est une adaptation tout terrain de "Candide ou l'Optimisme" de Voltaire. "Tout terrain" car c'est une pièce qui est prévue pour être jouée en plein air, dans la rue, aussi bien que dans une salle de spectacle.

Concernant le fond, la Compagnie des gens d’ici propose un Candide dans un exercice de jeu de miroir avec notre monde contemporain. En effet, dans cette adaptation, le conte de Voltaire croise des situations, des vécus, des problématiques d’aujourd’hui, ainsi que des événements qui marquent notre histoire commune (Seconde guerre mondiale, guerre d'Algérie, problématique actuelle des migrants...). Le public est emmené dans un parcours qui transforme l’enfant Candide en homme libre, jusqu’à arriver dans son fameux jardin ; ce jardin qui questionne depuis longtemps et qui surtout interroge le nôtre aujourd’hui : quel serait ce jardin où chaque égaré que nous sommes pourrait trouver sa place ?

Concernant la forme, il s'agit d'un spectacle participatif, c'est-à-dire que le public est intégré dans le spectacle, qui débute ainsi : nous, public, assistons au tournage d’un film documentaire (une docu-fiction) sur Voltaire, et sommes considérés comme des figurants, amenés à participer ponctuellement au spectacle (en répétant une courte phrase, en levant les bras...). Emmené par une équipe déjantée, le tournage devient vite le lieu de la parole et de la fable. Initialement docu-fiction de divertissement, le film se crée finalement au fil de petites révolutions, de conquêtes successives de liberté et d’un retour naturel au Théâtre considéré par Voltaire comme « la seule manière d’assembler les hommes pour les rendre sociables ». Et c'est alors que l'histoire de Candide commence vraiment, sous forme de théâtre.

Une pièce surprenante, difficile d'accès

Si la forme de la pièce était très originale et inattendue, car ludique et légère, ce qui a pu surprendre les élèves, le fond restait très philosophique et a pu paraitre difficile d'accès à bon nombre d'élèves qui ne connaissaient pas bien la pièce de Candide, malgré un temps de préparation en amont dans toutes les classes (mais qui avait été axé plutôt sur Voltaire, son temps et ses idées).

Aussi, élèves et enseignants ont-ils pour certains apprécié la pièce, pour d'autres moins, voire beaucoup moins. La majorité des élèves ont trouvé la pièce trop difficile à comprendre, et c'est vrai que c'était difficile d'accès pour un public scolaire selon les enseignants (malgré le fait qu'elle était indiquée à partir de 10 ans). Le côté un peu déjanté et qui mélangeait les différentes époques en a perdu un bon nombre.

Des ressentis divers

Si tous les élèves ont été surpris par la forme (ils s'attendaient à quelque chose de plus classique), leurs ressentis diffèrent selon les classes, les personnalités ou leur expérience de spectateur. Certains ont trouvé la pièce intéressante car différente de ce dont ils avaient l'habitude : ils ont apprécié son côté fou-fou, qu'elle soit participative et le fait que les comédiens se déplacent dans le public. D'autres au contraire n'ont pas du tout aimé le côté déjanté et ont trouvé que c'était trop "brouillon" avec des comédiens qui jouaient trop de personnages différents, trop d'époques (avec des inserts de l'histoire du XXe siècle au milieu du XVIIIe), ce qui en a perdu beaucoup. D'autres enfin n'ont pas aimé le côté participatif, qui faisait perdre du temps (pièce trop longue à leur goût).

Plusieurs élèves ont été perturbés au début car ils ne savaient pas quand commençait la pièce exactement (absence du traditionnel "quatrième mur" qui sépare la scène et les acteurs du public). Ceux qui ont moins apprécié le spectacle ont précisé ne pas aller souvent au théâtre, ne pas avoir les codes et que cette pièce-là était trop difficile à comprendre mais qu'ils aimeraient bien voir une pièce plus facile d'accès. Un ou deux élèves par classe n'étaient même encore jamais allés au théâtre et donc c'était tout de même une bonne expérience pour eux.

Enfin, quelques élèves ont dit qu'ils ou elles avaient apprécié le spectacle mais avaient été gêné.e.s par le comportement d'autres élèves (qui parlaient ou regardaient leurs téléphones portables...).

Quelques retours d'élèves :

"J'ai pas aimé car ça partait dans tous les sens",

"ça parlait de trop de choses à la fois" ;

"Je n'ai même pas compris quand ça commençait" ;

"Les acteurs étaient dynamiques"

"Pourquoi nous faire faire l'oiseau avec les mains ? Ça met le bazar et au final ce n'est pas très utile" ;

"J'ai bien aimé les échanges avec le public au début mais après, je n'ai rien compris" ;

"Pourquoi cette vidéo sur la mer [à la toute fin]?"

 

Retour des élèves ayant participé au projet d'atelier théâtre en amont du spectacle

Les élèves des 2 classes de la Section d'enseignement professionnel (SEP) qui avaient participé à l'atelier en amont, et qui sont intervenus sur scène avec les comédiens lors du spectacle, ont eux beaucoup apprécié le projet. Même s'ils ont eux aussi trouvé la pièce difficile d'accès, ils étaient de fait "mieux préparés" : le fait d'avoir échangé sur les idées de Voltaire et la thématique de la liberté, et travaillé avec les comédiens durant 5h avant le spectacle leur a permis de mieux l'apprécier. Ils ont avoué avoir réalisé la difficulté du travail d'acteur de théâtre (intensité du travail lorsque les comédiens étaient sur scène, en jeu...) et les ont trouvés "fatigués" à la fin du spectacle.

Cela confirme l'intérêt pédagogique d'un projet "plus large", càd avec un atelier autour d'un spectacle (comme "Richard III" l'an passé), plutôt que d'un spectacle seul et pris "isolément" malgré une petite préparation en amont en classe comme nous l'avons fait.

 

Magali BON

(Référente culture et organisatrice de la sortie)